Bonjour Morgane ! Peux-tu me dire quel métier tu exerces aujourd’hui ?

J’ai 32 ans et je travaille en tant que « chargée d’étude » dans un atelier de restauration et de sculpture neuve. Mon métier, c’est d’étudier (et si possible décrocher) de nouveaux chantiers sur lesquels peut intervenir l’atelier, dans toute la France et parfois à l’étranger.

En quoi cela consiste concrètement ?

Il y a plusieurs étapes dans mon métier :

  • Je consulte les dossiers du potentiel client;
  • Je me déplace sur site pour tout inspecter et prendre (beaucoup) de photos ;
  • Au bureau, je poursuis mon étude en essayant de réfléchir au déroulement du chantier, aux difficultés qui peuvent se présenter pour nos équipes et aussi estimer le temps de travail de mes collègues (sculpteurs, restaurateurs, staffeurs, etc.) ;
  • Je fais enfin une offre financière qui est accompagnée d’un dossier très détaillé qui explique l’ensemble de notre réflexion.

Quelles études as-tu faites pour exercer ce métier ?

J’ai commencé par un BAC S (spécialité SVT). Ensuite, j’ai fait une licence d’histoire de l’art, puis un master recherche en histoire de l’art spécialisé dans l’architecture du 18e siècle. J’ai terminé mes études par une année de Master 2 ‘Métiers du patrimoine’ qui m’a permis de découvrir l’univers des monuments historiques et de la restauration. C’est à l’occasion d’un stage de fin d’études que j’ai découvert le métier que j’exerce aujourd’hui ! 

Qu’est-ce qui est spécifique aux métiers du patrimoine ?

Les métiers du patrimoine sont étroitement liés à la compréhension des techniques anciennes. Il en découle un grand respect pour les anciennes générations d’artisans et ça se ressent dans les mentalités. L’apprentissage des métiers sur le terrain et le partage des expériences des anciens aux plus jeunes sont fondamentaux. Ces métiers valorisent l’expérience : la valeur travail et le savoir-être sont plus importants que la formation que tu as faite ou le milieu d’où tu viens.

On rencontre beaucoup de personnes qui arrivent dans le milieu suite à une reconversion professionnelle et ça permet de relativiser sur « l’absolue nécessité » d’un cursus universitaire ou d’un autre. 

C’est un stress que j’avais en tant qu’étudiante… À mon premier entretien, la directrice qui m’avait reçue m’avait dit à l’époque que je ne connaissais rien, mais que ce n’était pas grave, car tout pouvait s’apprendre. J’étais un peu vexée de sa remarque, surtout après mon long cursus ! Au fond, elle n’avait pas tort, j’avais un certain niveau d’étude, acquis des connaissances, mais c’était surtout une méthodologie de travail. Or, l’essentiel d’un métier s’apprend surtout sur le terrain. L’école est là pour nous donner des bases et des outils pour faciliter ce second apprentissage. Je ne pense pas me tromper en disant que cette règle s’applique à tous les domaines d’activité.

Selon toi, qu’est-ce qui a été déterminant dans ton parcours (un élément ou un événement sans lequel tu ne serais sans doute pas là où tu es aujourd’hui) ?

J’ai beaucoup hésité pendant tout mon parcours scolaire et universitaire. Ne sachant ni où aller ni quoi faire, j’ai décidé de faire mes choix en allant vers ce qui m’intéressait vraiment. 

J’aimais bien les sciences alors j’ai choisi un bas S. J’aimais bien l’art alors, j’ai choisi d’étudier l’histoire de l’art. Puis, j’ai choisi un master pro pour transcrire tout ce que j’avais appris en compétences professionnelles. Et puis, j’ai rencontré deux professionnels du patrimoine qui m’ont fait réaliser que tous mes centres d’intérêt étaient réunis dans la restauration du patrimoine (la chimie, la géologie, l’histoire de l’art, l’architecture, etc.). 

On m’a toujours dit qu’il fallait choisir un métier et suivre le cursus correspondant. Mais c’est difficile si on ne connaît pas le métier qui est fait pour nous ! Finalement, je pense que le plus important c’est d’être curieux et d’écouter ses envies… Beaucoup de personnes suivent des plans de carrières tout tracés et réalisent à la trentaine (ou plus tard) que leur métier ne les rend pas heureux.