Bonjour Aurélie ! Peux-tu te présenter et me dire quel métier tu exerces aujourd’hui ?

Bonjour Morgane ! J’ai 29 ans et je suis assistante commerciale : j’assiste les commerciaux de mon entreprise lorsqu’ils ont besoin d’aide, et je traite les appels clients (souvent pour des réclamations, des commandes et des devis).

Quelles études as-tu faites et sont-elles en lien direct avec ton métier ?

J’ai fait une licence en psycho, puis un master « éducation et enseignement » pour être professeur des écoles. Ça n’a donc rien à voir avec mon métier actuel ! 

Quelles ont été les différentes étapes dans ton parcours pour arriver où tu es aujourd’hui ?

Après avoir obtenu mon bac en 2012, j’ai fait une licence de psycho à la fac. Pendant ces trois années, j’hésitais entre le métier de psychologue et celui de professeur des écoles, car la fac de psycho est l’une des voies possibles pour arriver au master « éducation et enseignement ». J’ai finalement choisi ce dernier car il me semblait que j’avais plus de chance de le réussir, le master de psycho étant très sélectif. C’est ainsi que j’ai passé le concours de professeur des écoles à la fin de mon Master 1 en 2016, concours que j’ai réussi !

L’année suivante, en master 2, j’étais en « stage » obligatoire : à mi-temps à la fac pour continuer la formation et l’autre moitié du temps, seule, devant ma classe de grande section de maternelle en tant que professeure ! Finalement, être sur le terrain m’a fait réaliser que ce métier n’était pas du tout pour moi. Je ne voulais plus continuer dans cette voie après mon année de stage. 

Pendant l’année scolaire 2017-2018, j’ai pris du temps pour me retrouver, et faire le deuil de ce métier dans lequel je m’étais projetée. J’avais besoin de me reconstruire après cette année qui avait été très éprouvante. 

Et en septembre 2018, un peu par hasard, j’ai trouvé mon job actuel, celui d’assistante commerciale !

Quels ont été les éléments qui t’ont fait comprendre que ce métier n’était pas fait pour toi ?

Le manque d’accompagnement de la part de l’éducation nationale ! Dès le jour de la rentrée, j’étais seule devant ma classe, alors que je n’avais pas appris comment faire. J’ai eu un sentiment d’angoisse et de solitude terrible, je me sentais complètement démunie.

De plus, j’ai eu la malchance de tomber sur une tutrice dénuée de toute bienveillance. Elle venait me voir régulièrement dans l’année mais son comportement a été plus destructeur qu’autre chose : je pleurais à chacun de ses passages ! Elle m’a complètement fait perdre confiance en moi. Heureusement, ils ne sont pas tous comme ça ! J’avais eu une tutrice à la fac qui m’avait rassurée sur le fait que j’avais des qualités indéniables pour ce métier et qui me donnait des conseils constructifs.

Autre chose : l’ambiance entre collègues. A l’éducation nationale, c’est particulier ! Je m’attendais à un milieu très bienveillant, presque « maternel », et j’ai finalement découvert un manque d’esprit d’équipe, avec la sensation que les jeunes enseignants ne sont pas du tout considérés par les anciens. Je me suis vite sentie très seule ! J’ai aussi eu la sensation que les autres instits’ qui exerçaient depuis des années, n’étaient pas épanouis dans leur métier face aux conditions de travail qui se dégradent de plus en plus (manque de moyens, petit salaire, etc.). Ça ne m’a donc pas du tout donné envie de continuer !

Tout ça, ajouté à la charge de travail considérable pendant cette année-là avec, d’un côté le travail à rendre à la fac, et de l’autre, les cours à préparer et les dossiers à rendre à l’inspection académique… Ça m’a finalement dégoutée du métier !

Comment as-tu rebondi quand tu t’es rendu compte sur le terrain que le métier d’institutrice n’était pas fait pour toi ?

Au début, ce fut très difficile pour moi d’admettre que ce métier n’était finalement pas fait pour moi car, sur le terrain, j’adorais être avec les enfants et j’étais très à l’aise ! Mais, plus l’année passait, moins je me reconnaissais : je ne souriais plus, je n’avais plus de vie perso avec le rythme de travail effréné, je me sentais très seule, j’avais une boule au ventre en allant au travail, …

A la suite de cette année, j’ai senti que j’avais besoin de reprendre des forces, comme si cette expérience m’avait vidée de toute mon énergie positive. Je pense que j’ai fait une sorte de « burn-out » que j’ai réalisé seulement dans les mois qui ont suivi. Les premiers mois, j’ai donc pris du temps pour moi, pour me retrouver, revoir des amis, faire des activités que j’aime… Ce temps-là m’a permis d’aller mieux et de mettre de l’ordre dans mes idées. C’était une étape indispensable !

Au bout de six mois, j’ai commencé à chercher du travail, sans me mettre de pression. Je n’avais pas du tout envie de reprendre mes études, je voulais absolument rentrer dans la vie active, même si je savais que ça allait être difficile : les entreprises me trouvaient souvent surqualifiée pour les métiers que je demandais, ou simplement pas avec la bonne formation.

Je cherchais un travail dans le relationnel car je savais que j’avais besoin de contact humain dans mon métier. Ce fut très difficile de trouver quelque chose mais au bout de six mois de recherche, j’ai fini par être pistonnée par un membre de ma famille dans une entreprise qui cherchait des assistants commerciaux !

Es-tu aujourd’hui épanouie dans le travail que tu fais et pourquoi ?

Aujourd’hui, je suis épanouie dans le travail que je fais ! Il y a une très bonne équipe avec un bon esprit et du travail d’équipe comme j’aime. Il y a aussi beaucoup de relationnel avec les commerciaux et les clients. Et puis, il n’y a pas cette immense pression que j’avais et l’entre-aide est toujours au rendez-vous. Les missions sont assez variées, même si elles reviennent souvent. Mais j’ai trouvé des choses pour parer à la notion d’ennui : désormais, je forme les nouvelles recrues et ça me plaît de revenir dans cette pédagogie !

Selon toi, qu’est-ce qui a été déterminant dans ton parcours (un élément ou un événement sans lequel tu ne serais peut-être pas là où tu es aujourd’hui) ?

Le fait d’avoir été assez courageuse au moment T pour me rendre compte que le métier de professeure des écoles – ou plutôt le milieu de l’éducation nationale – n’était pas pour moi. Cela m’a permis de ne pas me perdre et d’être aujourd’hui capable de savoir ce que je peux et veux subir ou non comme inconvénients dans mon métier.